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Le nationalisme arabe est de retour

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J’ai lu avec intérêt l’article de notre ami Pug (>> voir sur le site des Goys) et j’aimerai y apporter un complément, aller plus loin dans l’analyse contre ceux qui attisent la haine d’Israël à travers le socialisme nationaliste panarabe dont le mythe palestinien est un jouet (comme il l'a évoqué, il suffit de regarder le drapeau palestinien, copie exacte de celui du Bass panarabe).

Pour commencer, je ne suis pas de son avis et pour moi le panarabisme n’est pas mort, il est même en passe d’accomplir son projet, contrairement aux apparences : celui d’une nation arabe unifiée de la Méditerranée au Golfe Persique. Pour rappel, les chiites irakiens (et leurs frères libanais) sont bien des arabes et pas des perses, une donnée essentielle pour comprendre le scénario. 

C’est bien le rêve panarabe d’Antoun Saadé, le vrai précurseur de la doctrine, 20 ans avant Michel Aflak, qui se concrétise. Le premier ayant circonscrit l’idée, pas dénuée de fondement, de la nation arabe à celle d’une grande Syrie antique, le second ayant élargie le concept à un territoire plus vaste englobant même l’Egypte. Je vous épargne les nuances idéologiques entre les deux, ce serait comme faire un distinguo entre le national-socialisme et le fascisme, ou le trotskisme et le léninisme. Le Parti Social Nationaliste Syrien (PSNS) d’Antoun Saadé et le Parti Bass de Michel Aflak ont eu beau s’opposer, se combattre un temps, ils sont à 90% sur la même ligne : nationalisme, socialisme, autoritarisme et haine d’Israël. Depuis 20 ans, ils sont devenus de fidèles alliés et leurs membres se côtoient dans tout l’appareil d’état syrien dont ils ont le contrôle.

Le Drapeau du PSNS, il faut vraiment avoir de la mer...
dans les yeux pour ne pas comprendre l'allusion !
On omet souvent de le rappeler mais le panarabisme, malgré son intitulé, ignore paradoxalement toute référence et fait rarement allusion à l’Arabie Saoudite, berceau du peuple arabe. Se drapant dans le rejet de toute forme de monarchisme (on l’a vu avec sa haine de la dynastie hachémide), il est surtout allergique à toute forme de nationalisme théocratique sunnite, presque accommodant avec une forme de racisme anti-bédoins, se voulant plus arabe que les arabes, comme le nazisme se voyait le vrai défenseur de la race aryenne face à la dégénérescence de la race scandinave.

La spécialité du PSNS, aussi bien au Liban qu'en Syrie,
est de baliser 
de drapeaux les quartiers sous son contrôle.
Désolé, mais c’est le passage de mon article où je dois dire des choses blessantes à propos de mes frères chrétiens d’orient. On est bien obligé de le reconnaître mais le panarabisme radical et autoritaire fut donc fondé par des chrétiens : Saadé et Aflak étaient grec-orthodoxes et admirateurs des doctrines totalitaires européennes d’avant-guerre (fascisme, national-socialisme). Le gendre de Saadé, Fouad El Chemali, lui aussi grec-orthodoxe et membre du PSNS, fut un des organisateurs de Septembre Noir. Georges Habache, le funeste terroriste palestinien, fondateur du FPLP était aussi grec-orthodoxe issu du PSNS. Georges Ibrahim Abdallah, emprisonné en France, est aussi chrétien et ancien du PSNS. Beaucoup de chrétiens se laisseront séduire par le multi-confessionalisme (plutôt que laïcité qui n'a aucun sens en terre d'islam) du PSNS et, dans une moindre mesure, celui du Bass, si bien qu’aujourd’hui ils continuent à soutenir majoritairement le pouvoir de Bachar el-Assad.

Drapeau de la Garde Nationalsite Arabe, crée en 2013
qui opère en Syrie au côté du Hezbollah.
La Garde Nationaliste Arabe comprend 4  bataillons
dont 2 qui portent le nom de chrétiens panarabes :
- Wadih Haddad (palestinien, nationaliste arabe, membre du FPLP),
- Jules Jammal (officier de la marine syrienne qui aurait coulé un
navire français en 1956 pendant la crise de Suez).
(source : https://syrianfreepress.wordpress.com)
Prenons un peu de recul et regardons la tournure des événements au Proche-Orient, tentons d’anticiper les victoires militaires pour déterminer les possibles vainqueurs ! Je pense pouvoir annoncer la défaite de l’Etat Islamique en Irak sans prendre beaucoup de risques (Tikrit vient de tomber et l’assaut sur Mossoul est imminent). En Syrie, sa défaite de Kobané l’a considérablement affaibli et la jonction des forces kurdes sur son flan nord va rapidement le priver d’une partie de sa frontière turque, sans parler des islamistes dit "modérés" sur son flan ouest,… bref, l’Etat Islamique risque de subir la débâcle de l’armée du IIIe Reich après sa défaite de Stalingrad. La comparaison n’est pas fortuite évidemment, et on assistera à une capitulation sous la houlette des anciens officiers de Saddam Hussein, seuls vrais détenteurs du génie militaire au sein de l’Etat Islamique, malgré une vaine tentative des SS d’Abou Bakr de résister (avec une multiplication d’Oradour-sur-Glane en perspective).

L’Etat Islamique battu, c’est le dernier caillou dans la chaussure du rêve panarabe qui disparaît après celui de l’obstacle hachémide (l’Irak du roi Fayçal avait refusé de rejoindre la République Arabe Unie), après celui du despotisme nabuchodonosorien de Saddam Hussein, après la disparition de l’idéologie communiste, et après le départ de la présence militaire américaine en Irak. Mais c’est beaucoup plus que cela, c’est la défaite militaire de l’islamisme radical sunnite. Islamisme sunnite et le nationalisme arabe sont deux frères ennemis, comme le furent le nazisme et le communisme, le deuxième n’ayant pu réaliser ses conquêtes territoriales que sur l’espace laissé libre par l’effondrement du premier.

65ième anniversaire du parti Bass à Damas en 2012
Le nationalisme arabe a perdu son soutien soviétique d’antan, il vient de retrouver une tutelle de poids avec l’Iran. Comme je me plais à le rappeler, l’islamisme chiite n’est pas un obstacle ni un ennemi, tellement le panarabisme et le panchiisme son proche dans leur vision politique d’un islam tourné vers le modernisme et respectueux de minorités dhimmitudisées. Il suffit de voir l’exemple de l’imamat au sud-Liban (on pourrait même dire du Liban tout entier quand on voit le Hezbollah venir faire régner sa loi à Beyrouth-Ouest en mai 2008) pour s’en convaincre. L’islamisme chiite n’a pas ce sectarisme religieux repoussoir du wahhabisme ou du salafisme, et les villes saintes du chiisme ne sont pas interdites aux non-musulmans comme en Arabie Saoudite.

Militants du Baas en armes pour soutenir Bachar
La Syrie et l’Iran, c’est une lune de miel jamais démentie. C’est bien la Syrie qui a tenté d'affaiblir l'Irak en coupant l'oléoduc reliant Kirkouk au port syrien de Lattaquié, pendant la guerre Iran/Irak. C’est bien la Syrie qui a fait le jeu de l’Iran en rejoignant les alliés contre l’Irak, pendant la guerre du Koweït. C’est bien la Syrie qui a soutenu et presque installé le Hezbollah au Liban et stoppé les velléités d’indépendance du Général Aoun, soutenu par l’Irak. Avec un régime alaouite, dans le giron de la théologie chiite, cela crée forcement des accointances.

Non, mon cher Pug, le nationalisme arabe viscéralement anti-israëlien n’est pas mort, il renaît même des cendres de l’Etat Islamique ! La construction d’un mur entre l’Arabie Saoudite et l’Irak, auquel s’ajoute celui entre Israël et la Jordanie (ce qui n’avait pas été le cas avant), augure de l’arrivée imminente d’un péril bien plus dangereux que celui du drapeau noir à la chahada blanche.

Le Droitiste


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